-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal


sparkwheel

Victor Stokes
Victor Stokes


pseudo : nihilies
credits : hugh laughton-scott (aftermathstuff)
love life : what if he gives himself a chance and he ends up hurting people again?
warnings : themes of depression, family members death, family stress
rp : lent / 400-500 mots, environ, des fois plus, des fois moins
1er sujet posté !
Humain
Imparfaitement parfaits !
1 mois de love !

   
Victor sortit du cabinet et soupira.

– She’s completely nuts, se dit-il. Ses mots furent emportés par la légère brise qui soufflait et qui rafraîchissait l’air lourd de la fin d’après-midi. Vic posa une cigarette entre ses lèvres. Une fois. Deux fois. Vic s’agaça en usant son pouce sur la molette. Il ne parvenait pas à allumer ce satané briquet. Quelques étincelles. Aucune flamme. Il regarda autour de lui. Aucune âme à l’horizon.

– Ffff…, souffla-t-il. Le cabinet était paumé sur une vieille zone dans la banlieue de Virginia Beach, à côté d’un diner antique qui ne dégageait rien d’accueillant. Vic refit glisser la cigarette dans son paquet et jeta sa frustration et son briquet par la fenêtre abaissée de son pickup, dans lequel il monta pour se mettre derrière le volant.

La seule raison pour laquelle il continuait à aller à ces rendez-vous était son père. Il insistait pour que Vic n’en manque pas un seul. Le Dr Sears était sa cinquième thérapeute en trois ans. À défaut de pouvoir tirer un trait sur ces rendez-vous, Vic pouvait au moins changer de docteur lorsqu’il s’en lassait, ou que les sessions ne menaient visiblement à rien. Le Dr Sears était la nouvelle trouvaille de son père. Vic n’était pas sûr que qu’elle soit une vraie thérapeute.

Par son apparence et celle de son cabinet, sa première hypothèse était qu’elle usurpait l’identité de quelqu’un. Mais les vieux diplômes accrochés au mur semblaient assez réels. Il avait compris, tout du moins, pourquoi elle était si abordable. Son cabinet était sombre. L’atmosphère y était lourde. Dans un coin, un vieil aquarium diffusait une faible lumière bleutée qui se mêlait aux faibles rayons de clarté qui filtraient à travers les stores baissés. Les premiers mots du Dr Sears furent : « So, why are you here ? ». Après trois séances, il ne lui avait pas encore répondu.

Il démarra son pickup et se glissa sans difficulté dans la circulation inexistante, en direction de Dupree, qui l’attendait là, nichée aux pieds des Appalaches qui se dessinaient au loin. Une main sur le volant, l’autre retenant sa tête inclinée vers la fenêtre abaissée, il laissa les kilomètres défiler sous ses yeux.

Vic ne savait pas pourquoi son père insistait pour qu’il aille à ces rendez-vous. Et Vic ne savait pas vraiment pourquoi il cédait sans dire un mot et faisait la route vers Virginia Beach deux fois par mois. Pour éviter une dispute, peut-être. Pour éviter une discussion. Pour contenter son père, d’une certaine façon. Il ne lui demandait jamais comment les séances se passaient. Lorsque Vic refusait de voir une fois de plus son thérapeute du moment, son père se contenait de se connecter à internet d’en chercher un autre. Le lendemain, il trouverait un post-it avec le nom d’un nouveau docteur, une adresse et une date de rendez-vous. Son père ne lui demandait aucun compte. Vic aurait même pu feindre d’aller deux fois par mois voir son thérapeute : son père ne s’en rendrait certainement jamais compte. Mais il y allait tout de même. Il ne savait pas vraiment pourquoi.

De l’aide ? Il n’en trouverait certainement pas avec Dr Sears, ni avec ceux qui la succéderaient. De l’aide ? Il ne savait pas vraiment s’il y en avait pour lui, ni s’il en méritait, pour être honnête. De l’aide pour quoi, de toute façon ? Il soupira…

7:30pm. Il venait de dépasser la pancarte « Welcome to Dupree ». Il venait de dépasser le Mist, également et les néons agressifs du nightclub s’étaient imprimés sur sa rétine. The Mist. Finalement, il aurait bien besoin d’un verre. Ou de trois. Il avait refusé l’invitation de Gloria, plus tôt. Si elle s’y trouvait, il lui dirait simplement qu’il avait changé d’avis à la dernière seconde. Si non, il se contenterait, comme à son habitude, de se poser dans un coin, boire quelques bières et regarder les gens.

Il fit demi-tour, se gara sur le parking du Mist et récupéra le briquet qu’il avait jeté dans l’habitacle de son pickup tout à l’heure avant de mettre le pied dehors. Au milieu du parking, il tenta à nouveau de faire tourner la molette. Des nouvelles étincelles. Toujours aucune flamme. Un garçon au dos tourné se trouvait à quelque pas de lui. Il tenta sa chance.

– Excuse-me. Do you have a light ?, demanda-t-il en tapotant une fois l’épaule de l’inconnu pour attirer son attention.
Gloria Hansley
Gloria Hansley


diary : sparkwheel 950d5fdf47285071ffe1cad62a9f6c0176bcfbc4
pseudo : Olivia
credits : maia mitchell | lumossolemstuff (avatar), briesgifs + unapologeticallyallin + maurawrites (gifs), awonaa (sign code), kiran nivi (lyrics)
fae house : moon
disposition : shapeshifter (tobias shaw)
love life : single, trying to avoid suitable arranged marriage
rp : entre 800 et 1000+, réponses dans l'ordre d'arrivée, aussi régulières que possibles
1er sujet posté !
Fée
Love, trust and pixie dust !
Vierge
Coffee Nation
Aime la randonnée
Futur.e yogi
Bec sucré
De la Lune
Dépensier.ière !
Le sport, c'est la vie !
one year of ftf

   
let's grab some drinks tmrw ok ?
Gloria soupira, fit la moue et se laissa tomber en arrière sur son lit. Durant plusieurs minutes, elle fixa le plafond comme s’il allait lui fournir une distraction suffisante pour chasser la déception qu’une soirée en solo lui inspirait. Mais il présentait toujours les mêmes égratignures là où elle avait autrefois collé des étoiles phosphorescentes. Aucune formule magique n’apparut, aucun conseil judicieux et elle se redressa sur les coudes pour balayer sa chambre du regard, indifférente au désordre qui régnait, en quête d’inspiration.
Si Victor n’était pas disponible, elle pouvait opter pour une sortie sous les traits de Tobias. Lorsqu’elle était seule, elle préférait se présenter sous une forme masculine — Tobias lui paraissait plus passe-partout et, surtout, il avait beaucoup moins de risques de se faire emmerder. Elle avait éprouvé un sentiment ambigu quand, à l’adolescence, elle avait constaté les différences de traitements, partagée entre une sensation exaltante de liberté et une certaine amertume. Il lui paraissait injuste qu’un tel gouffre existe et, en même temps, elle n’en avait pas été surprise. Quand on naissait dans un corps de fille, on était voué.e à expérimenter les travers de la société — l’avantage qu’elle avait, c’était qu’elle pouvait échapper, durant quelques heures, à cette nécessité d’être constamment sur le qui-vive, ranger temporairement les désavantages de la féminité pour choisir la tranquillité, la décontraction.
Son choix était fait.
La jeune femme se leva avec sa souplesse naturelle et se dirigea vers le côté de l’armoire dont la porte était close pour l’ouvrir grand et passer en revue ses t-shirts et pantalons d’homme. Elle vérifia d’un coup d’oeil par-dessus son épaule que la porte de sa chambre était fermée et se dévêtit, lançant sans cérémonie sa tenue du jour sur le lit défait. Elle ferma les yeux et se concentra, laissant le temps à son corps de se modeler en Tobias — elle grandit de plusieurs centimètres, ses épaules s’élargirent, ses seins disparurent, ses muscles prirent du volume, elle abandonna sa silhouette fine de sportive pour une corpulence plus imposante. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle avait l’allure de Tobias, avec une coiffure quelque peu désordonnée, comme tout juste sorti du lit et elle se passa machinalement une main dans les cheveux, tandis qu’elle choisissait de l’autre des sous-vêtements, un t-shirt gris et un pantalon noir. Un coup d’oeil dans le miroir plein pied lui assura que Tobias était paré et il esquissa un sourire à son reflet.
Il. Elle. Iel.
Malgré les années d’expérience en métamorphose, il lui semblait parfois trop complexe de se définir. Pour sa mère, il était évident qu’elle était Gloria ‘déguisée’ en garçon, son père semblait quant à lui plus perplexe les rares fois où il avait dû échanger avec Tobias, comme s’il se trouvait face à un inconnu, pas son propre enfant. Là où la plupart des Shapeshifters jouaient sur les longueurs et les couleurs, modifiant certains détails de leur apparence, Gloria n’avait qu’une façon de changer — à l’exception de ses yeux marron, qui restaient les mêmes, quoi qu’il arrive. Quant à la jeune femme, elle n’avait pas l’impression de se travestir, elle vivait au gré de ses envies, de ses ressentis et serait toujours la même personne, quelle que soit sa façon de se présenter au monde.
Tobias dévala les escaliers, attrapa sa veste et y fourra ses clés avant de sortir… manquant renverser sa mère au passage.
— Oh, that was a close one, s’exclama-t-il en évitant sa mère d’un petit pas chassé. I have to go.
Le regard maternel le passa en revue, teinté de cette éternelle lueur de désapprobation. Si elle avait espéré que son enfant hérite de la disposition de métamorphose, ce n’était pas pour qu’il en fasse cet usage.
— Where do you think you’re going ?
— I’m… going out, lui répondit Tobias, marquant une hésitation, comme s’il s’étonnait que cela ne paraisse pas évident. I’m meeting friends at a bar.
Il était hors de question d’éterniser la conversation, aussi fit-il comme si le sujet était clos et entrepris de descendre les marches du porche, espérant que sa mère saisirait le message.
— Gloria !
Une grimace se glissa sur le visage de Tobias et il se retourna, lui jetant un regard d’avertissement.
— Tobias, Mom. You might want to lower your voice if you don’t want to draw unwanted attention.
Il désigna son oreille puis la maison sur la droite, où résidait une famille humaine. Il décocha ensuite un sourire à sa mère, fier de son coup. Face à cette mise en garde, elle ne pourrait rien rétorquer.
— See ya. I promise to be careful !
Un signe de la main conclut leur échange et il se dirigea vers le garage où se trouvait sa seconde voiture, celle qui lui servait de couverture — il aurait été étrange qu’il roule dans le véhicule de Gloria Hansley.
Le Mist l’attendait.

Il arriva au parking de la célèbre boite de nuit et sortit de la voiture. Il prit la direction de l’entrée et chercha son portefeuille de la poche interne de sa veste pour compter quelle somme s’y trouvait encore. Quand il sortait, il n’emportait que le strict minimum, ses clés et de l’argent cash. Il avait perdu la fausse pièce d’identité qu’il s’était procurée et avait cessé d’emporter sa carte bancaire depuis le soir où on lui avait demandé pourquoi il y avait une nom de femme sur celle-ci. Il avait vu la méfiance, les interrogations, traverser le regard de son interlocuteur et s’était juré de ne plus se faire avoir comme un bleu. Moins il y avait de preuves pour le relier à Gloria, mieux cela valait.
La Fae de la Lune était si concentrée à l’addition qu’elle ne fit pas attention au jeune homme qui se trouvait à deux pas et lorsque ce dernier lui tapa sur l’épaule, il se tourna, tout en marmonnant :
— Eighty-si—
Et bloqua net en découvrant @Victor Stokes.
— What are you…
Tobias s’interrompit à temps. Il avait failli laisser l’exclamation spontanée s’échapper — what are you doing here ? — avant de se rappeler qu’il ne ressemblait pas à la personne que Victor avait l’habitude de voir.
— What ? répéta-t-il, déstabilisé, éprouvant la désagréable sensation que son coeur trépidait.
Ce n’était pas la sensation qu’il lui avait menti qui prédominait mais celle de se trouver dans une situation inédite et à laquelle il n’était pas préparée. Jusque-là, il avait été extrêmement prudent, évitant de se trouver dans le même périmètre que son meilleur ami et voilà qu’ils étaient face-à-face et qu’il n’avait aucune idée de la façon dont il allait gérer l’affaire.
I promise to be careful, avait-il lancé avec désinvolture à sa mère.
Yeah. Right.

_________________
truth is I'll sit down at 12 a.m and the only face I see is me
Victor Stokes
Victor Stokes


pseudo : nihilies
credits : hugh laughton-scott (aftermathstuff)
love life : what if he gives himself a chance and he ends up hurting people again?
warnings : themes of depression, family members death, family stress
rp : lent / 400-500 mots, environ, des fois plus, des fois moins
1er sujet posté !
Humain
Imparfaitement parfaits !
1 mois de love !

   
L’inconnu se tourna vers Victor. Instinctivement, ses lèvres se retroussèrent en un léger sourire. L’espace d’un instant, seulement. Son sourire se figea lorsque le regard des deux hommes se rencontrèrent et mêlèrent l’un à l’autre. Puis, il disparut lorsque les mots de l’inconnu trahirent sa soudaine confusion. L’expression troublée du garçon se refléta rapidement sur le visage de Victor. Ses lèvres étaient maintenant légèrement entrouvertes. Ses sourcils étaient doucement froncés. Pendant un bref instant, ils se regardèrent dans un étrange silence. Il y avait quelque chose d’étrangement familier dans les yeux du garçon. Il les avait déjà vus. Où ? Quand ? Il ne savait pas. Pendant quelques instants encore, il regarda l’inconnu, simplement. Il ne pouvait pas détacher son regard de ses yeux. Victor cligna finalement des yeux et brisa leur connexion étrange et inattendue. Il le dévisagea rapidement. Il avait d’abord été persuadé que ses traits lui étaient familiers. Il en était moins sûr, maintenant.

— Uh, sorry, parvint-il finalement à dire, sa voix à peine au-dessus d’un murmure. Il s’éclaircit la gorge. I was just wondering if you had a light, continua-t-il. Sa voix était à peine plus assurée. Elle était surtout traînante. Avant que l’inconnu ne puisse répondre, un autre homme attira son attention. Il se tenait à côté d’eux et regardait à la fois l’inconnu et Victor, d’un air amusé, à peine dissimulé.

— Here. L’homme sortit sa main de la poche de son jeans. Il tendit un briquet à Victor. Il le remercia, d’un signe de tête. Il sortit une cigarette. Il la plaça entre ses lèvres. Poussé par sa curiosité, éphémère, mais vive, son regard ne cessait de divaguer, entre l’inconnu et le vide qui les séparait. Il alluma le briquet et enflamma le bout de la cigarette. La pointe brilla d’un rouge-orange ardent. Le regard de Victor s’attarda à nouveau sur l’inconnu. Un moment de plus. Il ne put s’empêcher de sourire, puis de secouer la tête. L’inconnu lui semblait toujours figé et son expression, toujours confuse et troublée. Victor se détourna du garçon. Il rendit le briquet à son propriétaire.

Partagé entre un mélange de curiosité et de malaise, Victor contourna l’inconnu. Il fit quelques pas vers le Mist. Une partie de lui avait envie de se retourner. De demander à l’inconnu s’ils se connaissaient, s’ils s’étaient déjà vus quelque part. Une autre partie de lui lui intimait de passer à autre chose. Ce n’était qu’un inconnu. Un bel inconnu. Mais un simple inconnu. Ce n’était qu’un instant fugace. Une étrange sensation de familiarité. Un moment qui sera rapidement oublié. Mais, toujours au fond de lui, sa curiosité, qu’il avait pensé éphémère, se montrait têtue.

Victor prit une rapide bouffée et inhala. La brûlure passagère, le goût amer dans sa gorge lui offrit le réconfort escompté. Il expira. Un mince filet de fumée se dissipa dans l’air, détournant son attention. Il tira une autre bouffée. Puis une autre, et une longue autre ensuite. Il pouvait entendre Gloria. Il pouvait sentir le regard de son amie sur lui. Elle n’aimait pas le voir fumer autant, bien qu’elle même fumait, de temps en temps. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Cette mauvaise habitude était comme un moment d’évasion. Son esprit erra. Que faisait Gloria, là, à cet instant ? Il lui avait menti. Plus ou moins. Il n’avait eu envie d’aller au Mist qu’au moment où il était passé à côté du bar. Un coup de tête. Il ne comptait boire qu’une bière, peut-être deux, puis repartir aussi vite. Sa cigarette diminuait. Il prit une dernière bouffée avant de la faire tomber par terre et de l’écraser sous sa chaussure. Il se baissa pour ramasser le mégot éteint et le jeta dans une poubelle à proximité.

Furtivement, il osa un regard vers l’inconnu avant de s’approcher des portes du Mist. Il ne vit que son dos et l’imagina, toujours perdu dans ses pensées. Quelque chose dans le regard et l’attitude de l’inconnu lui avait semblé étrange, mystérieux, sans qu’il ne puisse traduire ce sentiment. Quelque chose dans son regard l’avait attiré. Quelque chose dans son regard l’avait, en même temps, repoussé. Ce n’était pas seulement une attirance physique. C’était quelque chose d’autre. Il ne saurait probablement jamais. Tant pis.

Il poussa les portes du Mist. L’intérieur était faiblement éclairé. L’atmosphère était un mélange de bavardages tamisés et d’un faible bourdonnement de musique. Il n’y avait pas grand monde. Cela lui convenait très bien. Il se dirigea vers le bar, ses yeux scrutant la salle, et s’assit au comptoir, à son endroit préféré, niché dans un coin.

— Hey there, Victor. Il leva les yeux vers Taylor, la serveuse, qui posa une bière devant lui. Elle lui souriait chaleureusement. Elle l’avait vu au Mist d’innombrables fois. Avec le temps, ils étaient presque devenus amis, d’un certaine façon. How's everything tonight?

— Hey, Taylor, répondit Victor, en lui offrant un léger sourire. I’m okay.

Taylor lui lança un regard complice. Elle pouvait voir au-delà de ses mots. Elle lui avait posé la même question des dizaines de fois. Il lui avait toujours donné la même réponse. I’m okay. Elle savait que ce « ok » n’était qu’une barrière. Derrière ce mot se cachait une myriade d’émotions qu’il gardait cachées sous la surface.

— Okay, then. Just give me a holler if you need anything else, dit-elle d’un ton doux. Alors que Taylor s’éloignait, le regard de Victor se tourna vers le liquide ambré. La vérité ? Il était loin d’être « okay ». Il ne pouvait pas se rappeler de la dernière fois où il s’était senti véritablement bien. Mais admettre cela, même pour lui-même, lui paraissait une tâche insurmontable. La complexité de ses pensées, de ses sentiments et des luttes auxquelles il était confronté étaient trop difficiles à exprimer avec des mots. C’était pour ça que les séances avec ses psys avaient toujours été des échecs. Il but une gorgée de bière, l'amertume de l'alcool lui parcourant la langue.

Il se tourna vers l’entrée du bar. L’inconnu de tout à l’heure entrerait-il ?

Les secondes se transformaient en minutes. L’attention de Victor ne faiblissait pas. La porte s’ouvrit  à plusieurs reprises et, à chaque fois, sa curiosité se ranimait. Mais l’inconnu n’était pas encore réapparu. Une partie de lui était déçue. Une autre était soulagée. Avec son doigt, il dessinait le contour de sa bouteille de bière, sans détourner son regard. Il lui restait cinq ou six gorgées. Après la dernière, il s’en irait. Mais si l’inconnu apparaissait, il en commanderait une seconde.
Gloria Hansley
Gloria Hansley


diary : sparkwheel 950d5fdf47285071ffe1cad62a9f6c0176bcfbc4
pseudo : Olivia
credits : maia mitchell | lumossolemstuff (avatar), briesgifs + unapologeticallyallin + maurawrites (gifs), awonaa (sign code), kiran nivi (lyrics)
fae house : moon
disposition : shapeshifter (tobias shaw)
love life : single, trying to avoid suitable arranged marriage
rp : entre 800 et 1000+, réponses dans l'ordre d'arrivée, aussi régulières que possibles
1er sujet posté !
Fée
Love, trust and pixie dust !
Vierge
Coffee Nation
Aime la randonnée
Futur.e yogi
Bec sucré
De la Lune
Dépensier.ière !
Le sport, c'est la vie !
one year of ftf

   
Il était rare que les mots lui manquent, l’insolence ne lui étant pas étrangère, mais à cet instant précis, Tobias avait l’impression qu’on lui avait déconnecté les neurones et il ne réalisa même pas l’image qu’il devait donner, à fixer @Victor Stokes comme ça, les lèvres entrouvertes, le souffle figé. Il avait l’impression que son coeur sonnait creux, l’écho résonnant contre ses côtes, alors qu’il déglutissait. S’il avait vu quelqu’un réagir de la sorte, il lui aurait décoché une raillerie de son cru, mais il n’y avait personne pour le sortir de sa torpeur, un cousin pour lui filer un coup de coude en plaisantant, cachant l’avertissement sous le couvert d’une remarque désinvolte. Même lorsque le trouble voila les traits de Victor, Tobias ne parvint pas à retrouver sa contenance, prisonnier d’une paralysie paniquée.
Jamais il n’avait été si proche d’enfreindre les lois féériques, lui qui se targuait de maitriser ses tours de passe-passe, disparaissant par une porte sous une forme pour ressortir sous une autre à l'extrémité opposée d’un bâtiment. Il était prêt à parier que la plupart des Faes de Dupree ignoraient même que Tobias et Gloria étaient une seule et même personne, en dehors de ses proches, évidemment. Et voilà qu’il donnait toutes les raisons à un humain de s’interroger sur son comportement — et pas n’importe quel humain.
Combien de temps seraient-ils restés là, à se jauger, si Victor n’avait pas cligné des yeux, ne les avait pas sortis de cet étrange silence hypnotique, répétant sa demande. A light. Le premier réflexe de Gloria aurait été de répliquer que c’était un poison qu’il aspirait par bouffées, mais Tobias se borna à se tâtonner distraitement les poches.
— Errr…
— Here.
Une main s’interposa entre eux, Tobias la regarda un instant puis porta son attention sur l’homme et une vague irritation s’invita, qu’il ne chercha même pas à dissimuler, alors qu’il toisait le troisième homme. La Fae de la Lune n’apprécia pas particulièrement le sourire qui gondolait ses lèvres — était-il content de son intervention ou se moquait-il d’eux, là ? Victor ne sembla ni remarquer le sourire de l’homme, ni le froncement de sourcils de Tobias, tandis qu’il glissait une cigarette entre ses lèvres et l’allumait d’un geste mécanique, habitué. Go away, eut-il envie de marmonner à l’encontre du mêle-tout (à moins qu’il se mettait en garde lui-même ?), sans pour autant le faire. L’échange ne dura qu’une poignée de secondes, Victor rendit son bien à l’autre homme et s’éloigna en direction du Mist, sans un mot de plus, les laissant dans son sillage. Le type au briquet ne s’attarda pas, devinant sans doute que Tobias n’avait aucune intention de lui faire la conversation, et prit lui aussi le chemin du night club.
Le métamorphe réprima un soupir, reprenant peu à peu ses esprits, se mordillant la lèvre inférieure, comme il le faisait chaque fois qu’il était nerveux, et jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule. Victor lui tournait le dos, sa silhouette familière à contre-jour, une volute de fumée l’auréolant comme un ange ténébreux, et Tobias ne put s’empêcher de se demander pourquoi son ami lui avait menti ou, s’il avait changé d'avis en cours de route, pourquoi il ne le lui avait pas dit ? S’attendait-il à la retrouver au Mist et n’avait donc pas jugé nécessaire de la prévenir ? Peut-être l’avait-il fait, mais comme son téléphone était resté abandonné sur son lit, elle ne le saurait que le lendemain. Either way, he’s here, and I’m here, and I almost fucked up, songea-t-il en se tournant vers sa voiture, envisageant sérieusement de rentrer. Il avait peut-être le temps de se changer — dans tous les sens du terme — et de revenir ? C’était l’affaire d’une trentaine de minutes, tout au plus, il avait même peut-être quelques affaires dans la trappe de la roue de secours. Non. Il avait tout ôté la semaine dernière. Tobias s’approcha de son véhicule, posa la main sur la poignée, tourna instinctivement la tête, juste au moment où Victor pénétrait dans l’établissement.
Don’t do it, lui souffla sa conscience, alors même qu’il se disait le contraire. I’m dying to see what it’s like to hang out with Victor, as a man, as a stranger. Etait-ce une forme de curiosité ou de manipulation ? Un moyen de braver les interdits féériques au plus près du danger ? Il ouvrit la portière, s’installa derrière le volant, mit les clés dans le contact — et s’immobilisa, les yeux rivés aux portes qui s’ouvraient et se refermaient sur les gens qui entraient et sortaient. They’re gonna kill you…
Ce n’était pas ce soir qu’il se montrerait raisonnable, à l’évidence, comme il sortait à nouveau de la voiture après avoir récupéré un objet dans la boite à gants, le coeur battant à vive allure, une pointe d’excitation lui chatouillant le ventre. Il fourra ses clés dans sa poche et se dirigea vers les portes battantes, qu’il poussa en refoulant toute sagesse pour débarquer dans la vaste salle du club.
Il eut l’impression d’être un cowboy débarquant dans un saloon, sans la moindre finesse, alors que son regard balayait les tables, cherchant Victor. Sa vision mit quelques secondes à s’accoutumer à l’atmosphère tamisée mais quand enfin ses yeux se posèrent sur son ami, il découvrit que celui-ci regardait dans sa direction. Une bouffée de chaleur lui envahit la cage thoracique et il loua Cabeswater de ne pas être du genre à rougir, auquel cas ses joues auraient pris une teinte qui n’aurait pas manqué de trahir l’élan émotionnel qu’il éprouvait à aller à l’encontre de toute prudence. La Fae de la Lune expulsa doucement l’air de ses poumons, chercha à revenir à un rythme cardiaque normal, et s’avança lentement vers le jeune homme installé au bar.
— Hey…, s’exclama-t-il, la voix rauque, avant de toussoter pour se racler la gorge. Hey. Are you waiting for someone ?
Il saurait, alors, ce qu’il en était de leur rendez-vous manqué, si Victor s’attendait à voir débarquer sa meilleure amie ou s’il était volontairement venu passer la soirée seul au Mist — et dans ce dernier cas, pourquoi, ne pourrait-elle s’empêcher de se demander, why didn’t you tell me you changed your mind or wanted to be alone ?
I’m tired, avait-il avancé par message, et Gloria savait ce que cachaient ces mots simples, raison pour laquelle Tobias dévisagea Victor, en quête de cette tristesse et cette mélancolie qui semblaient lui imprégner la peau, les sourires, le regard.
— Hey, Tobias. The usual ?
La voix féminine le tira de ses réflexions et Tobias décocha une oeillade à la jeune serveuse.
— Hey, Tay. Yes, please. Do you want another one ? s’enquit-il en reportant son attention sur Victor, constatant que sa bouteille était déjà bien entamée.
Tobias ôta sa veste et s’installa sur le tabouret voisin, posant un coude sur le comptoir, à moitié tourné vers son ami.
— Here. Five minutes too late. I’ve got another one in my car, lâcha-t-il en plaçant un briquet entre eux.
Il esquissa un sourire en coin, se passa la main dans les cheveux et guetta le retour de Taylor. La nervosité lui donnait soif.
À moins que ce soit juste une façon de ne pas avoir l’air aussi crétin que sur le parking et éviter de  regarder Victor avec un peu trop d’insistance.

_________________
truth is I'll sit down at 12 a.m and the only face I see is me
Victor Stokes
Victor Stokes


pseudo : nihilies
credits : hugh laughton-scott (aftermathstuff)
love life : what if he gives himself a chance and he ends up hurting people again?
warnings : themes of depression, family members death, family stress
rp : lent / 400-500 mots, environ, des fois plus, des fois moins
1er sujet posté !
Humain
Imparfaitement parfaits !
1 mois de love !

   
Son regard restait fixé sur la porte d’entrée. Ses doigts traçaient paresseusement la condensation sur sa bouteille de bière alors qu’il attendait. Il attendait… Il voulait que l’étranger apparaisse. Leur échange, soudain et brusque, restait gravé dans son esprit. Leurs yeux s’étaient croisés et s’étaient piégés pendant quelques secondes. Une connexion, tacite, qui avait laissé une empreinte sur lui. Elle s’envolerait, certainement, dans quelques heures, ou dans quelques jours, le temps que l’inconnu ne devienne plus qu’un visage flou et ne s’efface finalement de sa mémoire. Victor sourit, alors qu’il revivait le bref instant de vulnérabilité qui s’était dessiné dans le regard du garçon. Sa réaction avait été déroutante. Et étrangement captivante. Tout comme le bref mais puissant moment de familiarité qui s’était tissé entre eux.

La porte s’ouvrit enfin et une nouvelle silhouette entra dans le bar. Les battements de son cœur firent une pause momentanée. Les yeux de Victor se tournèrent aussitôt vers le nouveau venu. Sa poitrine, qui se haussa subtilement, ses yeux, qui brillèrent l’espace d’une seconde, trahissaient son excitation. Quand il réalisa que ce n’était pas l’énigmatique garçon qui était entré, une vague de déception l’envahit. C’était comme si un coup de vent avait éteint une flamme fragile en lui. Le regard de Victor revint à sa bière, ses pensées à la dérive. Le frisson fugace d’anticipation fut remplacé par une résignation qu’il connaissait bien. Il but une gorgée de bière. Ce sera finalement la seule qu’il boira, ce soir.

Il entendit la porte s’ouvrir à nouveau, et il se tourna presque nonchalamment vers elle. Cette fois-ci, le garçon apparut à l’entrée. Incapable de résister, Victor dévia la tête, ses lèvres se courbant en un sourire, spontané, inexplicable. Il était amusé. Il était satisfait. Une partie de lui était irrévocablement convaincue que leur rencontre n’était pas une simple coïncidence et que l’étranger était entré dans le bar pour lui, qu’il l’avait finalement suivi à l’intérieur. C’était une pensée exaltante. Intimidante, mais emballante. Mais une autre partie de lui restait méfiante : il y avait certes eu une attraction, presque magnétique, envers le garçon, mais elle le laissait à la fois intrigué et déconcerté.

Et maintenant ?

Il but délibérément une gorgée de sa bière, en partie pour étancher la soif soudaine qui l’avait envahi et en partie pour effacer le sourire de ses lèvres. Un mélange de curiosité, d’attraction, d’appréhension se déchaînait et tourbillonnait en lui.

Le pouls de Victor s'accéléra légèrement et il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil de côté pour confirmer la présence de l’étranger. Ombres et reflets dansaient sur le visage du garçon alors qu’il s’avançait vers le comptoir. À mesure qu’il s’approchait, les traits de l’étranger devenaient de plus en plus distincts. Les sens de Victor s’aiguisèrent. Son cœur, lui, battait au rythme des pas mesurés du garçon. Quelque chose flottait dans l’air. Et maintenant ?, se demanda-t-il, à nouveau.

La solitude était devenue son compagnon le plus proche, une présence constante dans sa vie. C’était une douleur persistante à laquelle il s’était habitué. Il l’avait méritée. Mais, quelquefois, Victor aspirait à quelque chose qui viendrait perturber la monotonie de sa vie. Quelque chose d’éphémère, quelque chose de passager, un bref répit qui lui permettrait de s’évader, qui lui permettrait de s’échapper et d’échapper à ses démons, ne serait-ce qu’un instant, ne serait-ce que l’instant d’une nuit, avant de retourner à sa réalité. Et d’oublier. Avant de recommencer.

Et maintenant ? Maintenant, le jeu commençait. Cela faisait longtemps que Victor n’avait pas bousculé sa monotonie quotidienne – tellement longtemps qu’il ne se souvenait même pas des circonstances de sa dernière virée nocturne.

Alors que l’inconnu s’approchait et arrivait à ses côtés, Victor posa les yeux sur lui, une expression qu’il voulait impénétrable ancrée sur son visage. Il avait appris, au fil des années, à bien cacher ses émotions, à garder un masque de sang-froid, même dans de tels moments. Il ne voulait pas trahir la curiosité qui le consumait petit à petit.

Le son rauque de la voix du garçon marqua le début de leur seconde interaction.

Are you waiting for someone ? La question de l’inconnu resta en suspens quelques secondes. Son interrogation avait ravivé les souvenirs de la brève conversation que Victor avait eue avec Gloria avant d’arriver au Mist.

– No, not tonight, répondit doucement Victor. I needed some time alone. Tout en parlant, il désigna la bouteille de bière presque vide à côté de lui, avant de reporter son attention sur Taylor, la serveuse, qui venait d’interpeller l’inconnu. Il l’entendit prononcer le prénom de l’inconnu. Tobias. Étrangement, Victor était soudainement déçu. Il aurait voulu entendre le garçon prononcer son prénom, avant de lui donner le sien. Il fut tiré de ses pensées par le garçon et sa seconde question.

– Hmm, yeah. Why not ?, dit-il. Il observa Tobias qui échangea un regard avec Taylor et qui leva deux doigts devant lui, indiquant à la serveuse de revenir avec deux bières plutôt qu’une. L’espace de quelques secondes, il sourit légèrement : plus tôt, il s’était convaincu qu’il n’en boirait qu’une. Maintenant, voilà que la seconde arrivait.

Tobias, affichant un sourire timide, plaça ensuite un briquet entre eux en, et le regard de Victor s'y attarda brièvement avant de revenir croiser celui de l'inconnu. C’était comme si le briquet contenait un message caché, une clé permettant de déverrouiller la connexion tacite qui s’était établie entre eux plus tôt dans le parking. Victor prit le briquet dans sa main et l’étudia pendant quelques instants.

– Well, thanks, dit-il, avant de rajouter avec une pointe de sarcasme : Mine just died. That’s why I tried to ask you for one earlier. Victor lui lança un regard amusé : dans ses yeux, il invita silencieusement le garçon a oublié leur précédant échange et le léger malaise qui s’était installé entre eux.

– So, are you a regular ? Taylor seems to know you. I’ve been coming here with my best friend for ages, and I’ve never seen you before. Le ton de Victor renfermait une véritable curiosité alors qu’il se demandait s’il avait peut-être déjà croisé la route de Tobias au Mist auparavant, sans le remarquer.

Mais comment aurait-il pu ne pas le remarquer ? Victor ne put s’empêcher d’observer de plus près Tobias. Il avait un attrait indéniable. Il était mignon, et beau en même temps. Sa peau semblait douce au point où Victor eut envie de caresser sa joue avec le bout de ses doigts, juste pour se rendre compte à quel point. Mais, plus qu’autre chose, il y avait cette étrange sensation, il y avait ce quelque chose d’étrangement familier chez Tobias qui piquait chaque seconde encore plus sa curiosité.

Leurs regards se croisèrent à nouveau et Victor ne fit aucun effort pour cacher qu’il admirait l’inconnu. Il flirtait. Il essayait de le faire d’une façon subtile, mais aussi d’une façon indubitable. Leur rencontre avait été totalement inattendue. À cet instant, Victor ne pouvait faire autrement que ressentir une attirance magnétique pour le garçon à côté de lui. Ce ne serait que l’instant d’une nuit, pensa-t-il. Si Tobias le voulait bien. Juste un instant éphémère, destiné à disparaître dans quelques jours.
Gloria Hansley
Gloria Hansley


diary : sparkwheel 950d5fdf47285071ffe1cad62a9f6c0176bcfbc4
pseudo : Olivia
credits : maia mitchell | lumossolemstuff (avatar), briesgifs + unapologeticallyallin + maurawrites (gifs), awonaa (sign code), kiran nivi (lyrics)
fae house : moon
disposition : shapeshifter (tobias shaw)
love life : single, trying to avoid suitable arranged marriage
rp : entre 800 et 1000+, réponses dans l'ordre d'arrivée, aussi régulières que possibles
1er sujet posté !
Fée
Love, trust and pixie dust !
Vierge
Coffee Nation
Aime la randonnée
Futur.e yogi
Bec sucré
De la Lune
Dépensier.ière !
Le sport, c'est la vie !
one year of ftf

   
Avait-il déjà imaginé, envisagé, ce face-à-face ? Évidemment, mais il avait toujours fini par le rejeter. Parce qu’il savait que c’était impossible : non seulement cela signifiait enfreindre des règles ancestrales, mais cela impliquait surtout de mettre en danger @Victor Stokes. Pour la sécurité de son ami, Tobias n’avait jamais croisé la route de Victor, et il aurait continué à l’éviter s’il n’y avait eu cette rencontre imprévue. Quelques minutes plus tôt, il avait encore eu la possibilité d’effacer cette interaction inattendue. Victor aurait rencontré un garçon qu’il n’avait jamais vu auparavant et ne reverrait jamais ensuite, big deal, Tobias aurait compris la leçon et l’incident ne se serait plus jamais produit. Personne n’aurait su qu’il avait frôlé le drame et la vie aurait pu continuer comme avant.
Oui, mais ça c’était avant que leurs regards se croisent, avant que quelque chose vrille sous ses côtes, le pousse à faire une bêtise et maintenant il était là, assis en face de son meilleur ami, son genou tressautant légèrement à deux centimètres de celui de Victor. Il pouvait encore corriger le tir, songeait-il en guettant les boissons, se grattant la lèvre inférieure avec le pouce. Il pouvait passer la soirée avec Victor, juste voir comment était son ami quand il sortait en solo, le quitter dans quelques heures et retourner au néant d’où il était venu. Il redeviendrait ensuite Gloria and that would be it: curiosity satisfied, case closed. Personne n’en saurait rien, le secret serait préservé et les Faes n’auraient pas à intervenir.
No harm, no foul.
Right…

Tobias avait eu sa réponse quelques secondes plus tôt, lorsque Victor avait répliqué qu’il n’attendait personne, qu’il avait envie d’être seul, et si la nouvelle l’avait froissé, il n’avait rien laissé paraitre. Il s’était même installé à côté de Victor plutôt que de le laisser à sa solitude, lui proposant un verre et une offrande tardive. Of course he’s gonna think you’re a weirdo.  Maintenant qu’il était là, toutefois, il était trop tard pour faire marche arrière — sans compter qu’il n’en avait aucune envie.
Le geste de Victor ramena l’attention de Tobias sur lui et il l’observa saisir le briquet.
— Mine just died. That’s why I tried to ask you for one earlier.
La Fae de la Lune émit un petit rire et pianota sur le comptoir :
— Yeah, I figured. These things never work when you need it. That’s why I have like five of them in my car, plaisanta-t-il. Thanks, ajouta-t-il lorsque la serveuse posa les bières près d’eux.
Si elle attendit quelques secondes, espérant l’attention de l’un ou l’autre des jeunes hommes, Tobias n’y prêta pas attention. Il glissa les doigts autour du verre, apprécia la fraicheur humide et souleva la boisson, lançant un cheers muet à son ami avant de prendre une gorgée.
— So, are you a regular ? (…) I’ve never seen you before.
C’était le but et ça aurait dû continuer ainsi, songea ironiquement Tobias, incapable de réprimer un sourire en coin.
— Define regular ? I don’t come that often. Just when I need some fresh air. I wasn’t supposed to come tonight, changed my mind when my friend ditched me.
Il ne mentait pas, n’est-ce pas ? Il ne venait pas les soirs où Victor était de sortie avec Gloria, for obvious reasons, ou ne serait pas venu s’il avait envisagé une seule seconde qu’il puisse tomber sur son ami. Quant à Taylor, elle ne connaissait son prénom que parce qu’elle avait tenté de le draguer, quelques mois auparavant, avant de rencontrer celui qui deviendrait son petit ami.
— Maybe you didn’t notice me. This place is always packed.
À l’exception de ce soir, mais sans doute était-ce parce que la soirée était encore jeune, comme il le suggéra en jetant un coup d’oeil à sa montre. Lorsqu’il reporta son attention sur Victor, il constata que celui-ci l’observait avec attention et son coeur repartit de plus belle. Le jeune homme déglutit, se demanda à quoi songeait son compagnon, s’il décelait une ressemblance troublante avec son amie absente. Mais c’était impossible, se persuada-t-il, right ?
Puis il réalisa que l’intérêt du jeune homme pouvait avoir une autre origine, parce qu’il n’avait jamais regardé Gloria de cette façon — aussi insistante, aussi pénétrante. Leur amitié était sans ambiguïté. Elle l’était désormais, en tout cas, puisqu’elle s’était depuis longtemps faite à l’idée que ce qu’elle avait pu éprouver pour Victor quelques années plus tôt était à sens unique, qu’il ne la voyait pas autrement que comme son amie, qu’il ne porterait jamais sur elle le regard qu’elle espérait et qu’elle préférait garder son amitié plutôt que de le perdre pour une histoire de sentiments non partagés. Et voilà qu’il dévisageait Tobias et un noeud se forma dans son ventre, un petit foyer brûlant bien trop familier.
Instinctivement, Tobias baissa les yeux vers leurs genoux qui se frôlaient, prenant conscience de leur proximité. Il avait pourtant l’habitude de celle-ci, étant plutôt du genre amitié envahissante, à passer un bras sous le sien lorsqu’iels marchaient côte à côte, à s’asseoir trop près lorsqu’iels s’installaient sur le banquette du Little Delights Café, à lui ébouriffer les cheveux pour le taquiner, mais ces gestes étaient innocents parce que platoniques, simples et naturels. Pourtant, là, tout de suite, deux centimètres entre Victor et Tobias semblaient bien plus intimes que la moindre étreinte de Victor et Gloria.
Lorsqu’il releva les yeux vers son ami, Tobias sentit sa gorge se nouer, son coeur se comprimer et il but une gorgée de bière, espérant atténuer les frémissements internes, avant de demander :
— So I gather you come here often ? With your friend or for some alone time ? Doesn’t it kinda defeat the purpose to be surrounded by people ? I mean, if I wanted to be alone, the Mist is probably the last place I’d come to.
Tout en parlant, Tobias balaya la salle du regard, puis il reporta son attention sur Victor.
— Shit. You must think I’m such a moron for not taking the hint. You want to be alone and here I am, talking and invading your space. I’ll just finish my beer and be on my way, promise. Or you have one word to say and I’ll split.
Il n’aurait pas dû attendre le signal de Victor pour s’éclipser, il aurait dû le faire de lui-même, déserter la scène tant qu’il en était encore temps — mais en était-il encore temps ?
N’était-il pas trop tard ?
N’était-il pas trop tard depuis l’instant où Victor lui avait tapoté sur l’épaule et où ils étaient tombés nez à nez ?
Tobias connaissait la réponse.
Il était trop tard depuis le moment où il avait décidé de se rendre au Mist.
Depuis l’instant où la curiosité l’avait poussé à suivre Victor à l’intérieur.
Et définitivement depuis le moment où il avait compris que le regard de son ami n’était pas totalement innocent.

_________________
truth is I'll sit down at 12 a.m and the only face I see is me
Contenu sponsorisé