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listen to the music of the stars

Naseer Shah
Naseer Shah


diary : listen to the music of the stars C960eb375556f6a6f422bd40037c1d8afdccefcf
pseudo : rizwans, elle.
credits : riz — soeurdelune (ava), cs (self, khadijha, xcertifiedgifsx), gif (wiha-jun).
fae house : twilight.
disposition : inception (mental manipulation).
love life : the heart wants what it wants.
warnings : coma, contrôle mental sur autrui (disposition).
rp : variable pour le rythme, 800/1000+ mots.
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grey&nas,
we've been meteoric even before this
burns half as long when it's twice as bright
so if it's beyond us, then it's beyond us
let's see and decide—



Pensivement agrippé à sa troisième flûte de champagne (désespérément vide), Nas se demandait si les lianes qui recouvraient les murs d’Auburcrown pourraient supporter son poids lorsqu’il sauterait inévitablement par-dessus la rambarde pour échapper à ce qui s’était révélé être une embuscade soigneusement préparée par ses parents. Il pencha légèrement la tête sur le côté. Oui, il en était presque certain, s’il sautait par-dessus la rambarde et qu’il parvenait à se rattraper sur la grosse liane qui formait une sorte de boucle, il pourrait rejoindre le rez-de-chaussée, zigzaguer entre les danseurs, sortir par la grande porte et disparaître au plus profond de la forêt de Sherdale, d’où il ne ressortirait jamais.
Naseer? Are you listening? Mrs Danbury was just telling me…
Nas mordilla son verre du bout des dents. Non, il n’écoutait pas. À vrai dire, il n’avait pas entendu un mot de ce qui se racontait à côté de lui, mais il devinait sans mal la nature de la discussion pour y avoir assisté au moins un million de fois depuis qu’il était né en âge de rapporter des bulletins de straight A’s à ses parents. Ses parents et d’autres fées du Crépuscule, tous vêtus de l’or de leur Maison, se livraient à un exercice d’une complexité extrême : la comparaison des accomplissements de leur progéniture. Toute la délicatesse consistait à subtilement faire comprendre aux adversaires que bien que leurs enfants avaient forcément bien moins réussi dans la vie, il était malgré tout absolument vital qu’ils fassent la connaissance du golden child, car le susdit golden child ne rajeunissait pas, venait de se faire quitter par sa femme (pour la deuxième fois)… et avait-on d’ailleurs précisé qu’il était médecin ? Encore à moitié amnésique, certes, mais médecin tout de même ?
Nas se resservit une quatrième de flûte de champagne.
La mascarade lui paraissait étrangement familière et le sentiment qui frémissait sous sa peau à la manière du lait oublié sur le feu l’était tout autant. Il savait de source sûre qu’il n’était pas le golden child - qu’il ne l’avait jamais été. Ce rôle revenait à son frère Vikram, du moins lorsqu’il marchait encore parmi les vivants. S’il faisait l’objet d’âpres négociations aujourd’hui, ce n’était dû qu’à la trajectoire éclatée de sa vie.
Naseer? Are you listening?
Sa flûte de champagne tinta sèchement contre un plateau qui passait par là (une jeune fée de la Comète, visiblement ravie d’avoir été choisie pour servir les invités, lui lança un regard furieux) et tous se retournèrent vers lui - ses parents, le couple avec qui ils bataillaient et leur fille, qui semblait avoir autant envie d’être là que lui (était-elle aussi en train d’évaluer le temps qu’il faudrait pour sauter par-dessus la rambarde, sprinter à travers la piste de danse et escalader un arbre de la forêt de Sherdale ?). « Nas ? » tenta sa mère. Il perçut l’espoir fébrile dans sa voix, les attentes qui s’écroulèrent sur ses propres épaules comme une enclume. Son regard perdit derrière l’épaule de sa mère, traversa la pièce à la recherche d’un endroit où se poser.
Il crut remarquer une silhouette au loin, des cheveux longs et une carrure d’armoire à glace, mais ce devait forcément être l’ivresse qui lui jouait des tours.
Soudain, tout sembla tourner autour de lui, et il eut comme une sensation de déjà-vu.
Il ne voulait pas être là.
Ni avec sa famille qui exhibait le maigre pedigree qu’il avait à offrir, ni même ici, ni même… tout court.
— Excusez-moi, balbutia-t-il. Le sang battait à ses tempes, tout à coup, et il recula, bousculant un serveur, d’autres invités, reculant, reculant, reculant jusqu’à disparaître sans écouter ls protestations du groupe, se retournant uniquement (et se détestant de le faire) pour voir s’il avait vraiment halluciné la silhouette de Greyson Wood au milieu de la foule d’Auburcrown. Visiblement, oui.
Great.
Ses pas chaotiques le menèrent dans un couloir, puis un autre, puis un autre. Les corridors se dépeuplaient au fur et à mesure qu’il avançait, mais c’était comme s’il ne parvenait jamais à mettre assez de distance entre lui et les célébrations féeriques, entre lui et ce qu’on attendait de lui. Mais finalement, sa main rencontra une poignée. Nas s’engouffra dans la pièce sans réfléchir, et se plaqua contre la porte, la refermant sans ménagement. Aussitôt, le bal sembla s’évanouir derrière lui. Il n’entendit plus que des sons étouffés. Le rire des convives s’évapora comme un écho lointain, et Nas se sentit presque disparaître avec lui, comme s’il n’existait que comme une réverbération, matérialisé par l’attention trop pressante de sa famille et des autres fées.
Seul, qui était-il ? Sans les épithètes qu’on lui accolait constamment, dans l’espoir d’attirer une partenaire qui ne serait pas trop regardante sur ce qui se dissimulait sous l’arrangement bancal de tous ces superlatifs ?
Il fit un pas en avant, puis un autre. La pièce autour de lui semblait flotter. Le revêtement des murs semblait tournoyer lentement, formant de minuscules tornades, d’étranges volutes qui disparaissaient dès qu’on les regardait de trop près. Une lumière qui ressemblait à celle de la lune traversait d’immenses fenêtres délicatement ouvragées, aux parois irisées, et se jetait en rais au centre de la pièce, éclairant une installation flottante que Nas mit quelques secondes à reconnaître comme étant un système solaire miniature. Le soleil faisait la taille d’une chaise, et les autres planètes circulaient lentement sur leurs axes, imperturbables.
Non, pas une installation, réalisa soudain Nas.
Une illusion.
A Comet’s work.
Nas fit un pas avant sans pouvoir s’en empêcher, les yeux levés vers ce ciel féerique. S’il levait la main, il pouvait effleurer le Soleil, marcher parmi les étoiles—
Quelque part derrière lui, les bruits de la célébration lui parvinrent soudain plus nettement, avant de s’évanouir à nouveau. Quelqu’un était entré et Nas leva les yeux au ciel, l’agacement remplaçant l’émerveillement. Il n’aurait pas pu naître avec une disposition utile, comme la capacité de verrouiller toutes les portes dans un périmètre de cinq kilomètres autour de lui ? « La place est prise, allez éviter vos parents ou batifoler ailleurs. » lança-t-il, tranchant, sans prêter attention à qui venait d’entrer. Il effleura l’une des planètes miniatures et, trop curieux pour son propre bien, agita la main à travers l’espèce de brume qui les composait. À sa grand surprise, son geste produisit un bruit sourd qui se réverbéra partout dans la pièce sous la forme d’ondes irisées, insaisissables, vaporeuses. Nas les laissa s’enrouler autour de ses doigts et constata qu’elles suivirent le mouvement de sa main, jouant avec lui comme une sorte de luciole malicieuse. Fasciné, il plia et déplia les doigts, et le ruban vaporeux finit par se désagréger totalement, ne laissant sur sa peau qu’une fine trace nacrée. Beautiful.

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i don't wanna talk about it, and I think we both know why. i wish it wasn't automatic, the way I want you every time.


en pr chaotique et désordonnée jusque fin décembre, thanks for understanding. <3
Greyson Wood
Greyson Wood


pseudo : Olivia
credits : ben robson (av hellska) (code sig, awona) (gifs, kaceypacks (profil), osvaldrps + tessgifs (signature)) (lyrics, benson boone)
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Greyson s’était discrètement éclipsé par une porte entrouverte, dix minutes à peine après son arrivée. Étrangement (non), aucun couple bien établi ne s’était approché de lui pour lui faire les louanges d’une jeune femme à marier. À la place, il avait senti les regards lui picorer la nuque, tandis qu’une dame bien apprêtée se penchait vers une autre pour lui faire part de ce qu’elle savait au sujet de l’énergumène qu’il était. Évoquait-elle d’un murmure faussement complaisant  le grabuge qui avait suivi l’incident avec @Naseer Shah, deux ans plus tôt, quand on avait retrouvé la Fae du Crépuscule sans connaissance, maladroitement soutenue par un Greyson Wood désemparé ? Ou le fait qu’en presque vingt ans de présence à Dupree, la Fae de l’Aurore ne s’était présentée qu’à une poignée de bals de printemps, sans jamais se caser ? En vérité, il s’en fichait, des messes basses, des sourires désabusés, des regards désapprobateurs. Il n’avait jamais cherché leur soutien, n’avait jamais souhaité être accepté, ni faire partie des leurs – contrairement à Nas, qui avait suivi les règles, les ordres, jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’on le fourre avec une inconnue. Grey se savait de mauvaise foi : si Nas s’était laissé faire, c’était parce qu’il n’obtenait pas ce qu’il voulait de l’autre côté, alors à quoi bon attendre quelque chose qui ne viendrait jamais ?
Alors que faisait-il là ce soir, le marginal ? Il n’était plus un vagabond depuis belle lurette, même s’il s’était longtemps voilé la face et persuadé du contraire. Son errance s’était arrêtée net le jour où il avait fait une halte à Dupree – le jour où son regard était resté accroché à l’ombre discrète de Naseer Shah. Depuis lors, il faisait partie des meubles, même si c’était un meuble qu’on aurait préféré remiser dans un grenier, pour ne plus avoir à poser les yeux sur le gâchis féérique qu’il représentait, à bien des égards. 
Il était posté près d’une fontaine, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon, à observer l’eau qui s’écoulait inlassablement, du haut de la statue, en suivant les nervures des plantes délicatement sculptées, entrelacées, symboles de la vie qui renait, des alliances, d’un romantisme parfaitement absent de ce type d’événement, quand bien même les Faes de Dupree s’efforçaient-elles de faire oublier cet aspect. Pourquoi aurait-il voulu se plier à leurs plans ? Se voir attribuer une compagne, sous prétexte qu’il en allait de la survie de leur espèce ? Il ne s’était jamais senti concerné, tout simplement parce qu’il n’avait jamais eu le sentiment d’y appartenir. Ni humain ni Fae, voilà comment Grey se considérait – un rien du tout.
Le bourdonnement des conversations, des verres qui tintaient, ne lui donnait aucune envie de retourner dans la salle principale et pourtant, lorsqu’il se détourna de la fontaine, ce fut pour se faufiler par la même porte entrebâillée. On lui fourra immédiatement un plateau sous le nez et Grey prit une coupe, même s’il aurait largement préféré une bière. Était-ce un autre moyen de noyer la réalité ? De saouler suffisamment les convives pour qu’ils oublient qu’ils se vendaient les uns les autres, marchandaient une existence sur laquelle ils avaient si peu de contrôle, un éventail de possibilités assez limité ? Il balaya la piste du regard, par réflexe, remarqua Auster au bras d’une blonde, en conclut que la Fae de la Comète avait rejoint les rangs des malheureux – par dépit, lui aussi ? Avait-il été acculé ? Ou serait-il l’un des très rares chanceux à trouver le bonheur ce soir ? 
Parce qu’il devait bien exister des mariages heureux, non ? se demanda Grey en scannant les couples qui dansaient. Quelque chose qui laisse miroiter un espoir, qui incite ses paires à poursuivre la mascarade, à se prêter, encore et encore, au jeu des alliances, à cette danse malaisante ?  
Une exclamation attira son attention et il entrevit la famille de Nas, qu’il reconnut sans peine, même si elle n’avait aucune idée de qui il était, ne connaissant sûrement de lui que les rumeurs – et encore, si elles étaient parvenues jusqu’à eux, car qu’avaient à faire des Faes du Crépuscule d’une Fae récalcitrante appartenant à une autre Maison ? Instinctivement, Greyson combla la distance, se rapprocha, et capta suffisamment de bribes de leurs conversations pour comprendre que Nas se trouvait là un instant plus tôt. Il le guetta dans la foule mais n’aperçut qu’une constellation de visages, un camaïeu de couleurs, une foule d’inconnus. 
Abandonnant sur le rebord d’une colonne la coupe à laquelle il avait à peine touché, Greyson se déroba une nouvelle fois, poussant la première porte venue, pour retrouver un couloir bien moins peuplé. Attentif, les sourcils légèrement froncés, il passa en revue chacun des invités et constata que Nas n’était nulle part en vue. Sans doute aurait-il mieux valu qu’il déserte les lieux, qu’il retrouve la simplicité des rues de Dupree, qu’il se réfugie dans un bar quelconque et oublie tout de cette soirée qui le ramenait invariablement au soir où il avait perdu Nas – le soir où il avait eu le malheur de vouloir lui annoncer son départ. Il n’aurait sans doute jamais la réponse à la question qui le hantait depuis lors : le choc amnésique de Nas était-il lié à cette conversation, une sorte de traumatisme à l’idée qu’ils se séparent définitivement, ou une volonté de la Fae du Crépuscule d’anéantir ce qui le faisait souffrir ? Finalement, l’ancien vagabond était persuadé d’être à l’origine du mal qui avait rongé Nas et il avait beau essayer de se convaincre qu’il se donnait trop d’importance, il savait que tout était possible avec Nas, avec sa disposition, avec la malédiction qui planait sur chaque membre de cette Maison. À la place, il poussa chaque porte, chercha Nas, inlassablement, parce que c’était tout ce à quoi sa vie se résumait depuis leur rupture : une nouvelle sorte d’errance, une attente inlassable, désespérée, nourrie par l’infinité de souvenirs qui peuplaient son esprit – autant d’étoiles qui éclairaient le firmament de la mémoire de Grey. Sa vie n’avait pas de sens avant Nas, elle en avait encore moins à présent et Grey s’était souvent demandé si c’était la raison pour laquelle il était resté, même après l’incident : saurait-il seulement comment vivre ailleurs, seul, après toutes ces années passées à Dupree, avec Nas ? 
Grey commençait à croire que Nas s’était évaporé, avait quitté le bal, lorsqu’il le découvrit au milieu d’une pièce étrange, cerné par des planètes qui tournaient lentement. Ironiquement, Nas paraissait plus grand, géant foulant son univers, le monde qui l’avait toujours fasciné, auquel il avait vainement tenté d’initier un vaurien. Mars et Pluton, pouvait-on faire plus opposé qu’eux ? 
— La place est prise, allez éviter vos parents ou batifoler ailleurs, s’exclama Nas sans se retourner, laissant à Grey tout le loisir d’admirer ce tableau fantasmagorique, qui ne pouvait qu’être l’œuvre d’une Comète. 
Muet, Greyson évolua dans la pièce avec prudence, évitant les astres, n’ayant aucune envie de déclencher un autre son. Il s’approcha du soleil, se demanda si l’illusion était chaude, froide ou ni l’un ni l’autre. Il plissa les paupières, devinant la silhouette de Nas, aussi trouble que s’il l’avait observé depuis l’extrémité d’un feu de joie, les flammes dansant sur sa peau, se  réverbérant dans ses yeux, leur donnant une couleur de bronze surnaturelle, un or liquide qui avait toujours hypnotisé Grey, lui instillant par la même occasion une peur indicible. 
Car s’il ne faisait aucun doute que Nas se classait dans la catégorie des hommes bons, loyaux, la nature même de sa disposition le rendait dangereux et imprévisible. 
— Je n’ai pas de parents à éviter. Il faut bien qu’il y ait un avantage à être orphelin, lâcha-t-il au bout de quelques secondes, alors que sa main se rapprochait autant que possible du soleil, sans aller jusqu’à le toucher. Laquelle est Mars ? ajouta-t-il en faisant un pas de côté pour pouvoir dévisager Nas.
Where do I come from ?
— Si tu tiens vraiment à être seul, je peux m’en aller.
But where am I supposed to go now, if you’re not coming with me ?
— Je parie que tu aurais adoré avoir un truc pareil dans ta chambre, quand tu étais gamin.
Cesserait-il un jour de parler à Nas comme s’il s’agissait de l’homme avec qui il avait grandi, et non un inconnu qui n’en avait plus que l’apparence et l’essence, mais pas les souvenirs ? 
Sans doute pas.
Ou plutôt : il savait que si ce jour devait survenir, ce serait terminé.
Il n’aurait plus de soleil autour duquel graviter.
Il ne serait plus qu’un astéroïde traversant l’espace, attendant sa fin – sa collision et sa désintégration.

_________________
and from the moment I looked in those dark brown eyes I can't remember life before you. Why would I want to go?
Naseer Shah
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Chaque pièce du château féerique devait renfermer un secret similaire, une création éthérée à l’usage mystérieux, au but étrange ? S’agissait-il d’un puzzle ? D’une énigme que les futurs couples en devenir devaient résoudre pour établir un lien, mettre à l’épreuve leur compatibilité  Pièce après pièce, ils auraient pu passer d’inconnus à connaissances à peut-être plus, chaque  rébus leur permettant de révéler leurs secrets, leurs insécurités, de mettre à l’épreuve leur capacité à s’entraider, à savoir quand parler et quand se taire, et au terme du labyrinthe, une fée aurait pu juger, peser leur connexion pour finalement donner sa bénédiction ou encourager les tourtereaux, avec tact mais fermeté, à revoir leurs choix de vie.

Guess it can’t be that easy.

Fée ou humain, il fallait visiblement porter la responsabilité de ses choix jusqu’au bout, faire ses propres erreurs et en subir les conséquences, quoi qu’il arrive.
Son annulaire nu en était la preuve. Aster était partie non pas une, mais deux fois, et ce dernier départ était définitif, Nas le savait. Il ne l’avait pas retenue. Il ne s’était pas élancé après elle en espérant qu’elle change d’avis, il ne l’avait pas supplié, pas de grand geste romantique, de déclaration d’amour grandiloquente, de baiser passionné. Pas d’audience attendrie qui se serait mise à applaudir et à lui taper dans la main alors qu’il franchissait les barrières de sécurité d’un aéroport imaginaire pour lui prouver son amour éternel, promettant de l’aimer et de prendre soin d’elle jusqu’à ce que la mort les sépare, ce qu’ils s’étaient pourtant promis lors d’une cérémonie dont il n’avait qu’un vague souvenir, hanté par un fantôme qui sentait l’écorce de pin et la terre après l’orage.

Pas de happy ending, and for what?
Ou plutôt, for who?
Un frisson glissa le long de la colonne vertébrale de Nas.
Derrière lui, la présence intruse amena un parfum qu’il reconnut aussitôt, malgré les mois qui séparaient la dernière qu’il l’avait respiré : pluie et orage, cheap cigarettes, even cheaper beer, écorce humide, sable chaud, si réelle qu’elle prenait presque corps, rugueuse contre sa peau. Elle fondait sous sa langue comme un sucre inexplicablement amer ; sa gorge se noua, le privant momentanément de voix, et peut-être était-ce mieux ainsi car il n’était pas sûr de ce qu’il devait dire, pas sûr non plus de ce quoi il se croyait capable à l’instant où il réalisa que Greyson Wood avait choisi malgré tout de s’approcher. Nas ne vit pas rouge mais noir : tout à coup, le monde perdit en couleurs, en perspective. Seul le barman semblait pouvoir refléter la lumière et Nas eut l’impression d’être forcé de le regarder pour ne pas sombrer dans l’obscurité absolue.
Il faut bien un avantage à être orphelin.
Nas serra les poings et hoqueta quelque chose qui s’apparentait à un rire étranglé. Il s’imagina répondre il faut bien, oui, s’imagina seulement et le regretta aussitôt, car même en pensée, il ne pouvait s’imaginer faire du mal à Greyson Wood, par ses mots ou par ses poings. Car dans toute sa colère, toute sa rage, il ne finissait par s’en prendre qu’à lui-même. Laquelle est Mars ? Nas cilla et croisa les bras, vaine tentative de protection, dévisageant Greyson pour essayer de comprendre ce que le barman voulait, attendait de lui. Chaque mot, plus banal que le précédent, pénétrait sous sa peau, d’autant qu’il devinait que sous leur couvert anodin se dissimulait un secret que Greyson Wood refusait de lui révéler. Si tu tiens vraiment à être seul, je peux m’en aller. 
Nas tressaillit.

You know I don’t.
S’il avait voulu être seul il y a encore quelques secondes, ce besoin s’était évaporé à la seconde où le parfum d’écorce et d’orage avait effleuré sa nuque. Pourtant, il avait averti Greyson de ne plus l’approcher. Était-ce l’alcool qui brouillait les pistes entre ce qu’il voulait et ce dont il avait besoin ? Ou était-ce quelque chose de plus profond, quelque chose qui courait dans ses veines, faisait chauffer ses tempes, asséchait sa bouche, qui le poussait à rester ? Quelque chose de griffes et de crocs, quelque chose de dangereux et pourtant irrésistible, inévitable, inéluctable, tel la force d’attraction d’un trou noir ? Je parie que tu aurais adoré avoir un truc pareil dans ta chambre, quand tu étais gamin. La bouche de Nas se tordit, un éclair surgit au fond de ses yeux, les éclairant brièvement comme une comète au beau milieu de la nuit. Greyson avait-il conscience qu’il lui enfonçait un poignard dans le ventre ? Il semblait le faire avec une telle facilité, une telle souplesse ; Nas aurait pu croire que c’était un geste qu’ils ne faisaient que répéter, que la blessure était déjà là, ouverte et à vif, invisible mais ensanglantée. « Cut your bullshit. » Sa main accompagna ses mots, trancha l’air d’un geste sec et nerveux, et il dévisagea Greyson d’un regard noir. Non, pas cette fois-ci. Puisqu’il avait décidé d’ignorer ses avertissements, Greyson allait rester là et ils allaient parler. « Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda Nas. Sa voix déchirait l’air entre eux, aiguisée à la lame de son impatience, prête à se rompre, et il glissa ses mains dans les poches de son pantalon pour corriger l’arc de sa posture, se forcer à reculer. « Tu ne me feras pas croire que tu t’intéresses à notre belle culture féerique. » ironisa-t-il, avec un sourire qui n’alluma aucune lumière dans ses yeux. No offense, but you kinda suck at being a fae. Il ne pouvait pas se figurer que Greyson soit là de son plein gré ou ait véritablement envie de se trouver une autre fée pour fonder sa petite famille parfaite. Et si jamais c’était le cas et qu’en plus il réussissait, Nas devrait sérieusement reconsidérer tous ses choix de vie. À son âge, il aurait dû… Il aurait dû partager sa vie avec quelqu’un. Il aurait peut-être dû être père, à l’heure qu’il était, avec un deuxième en route, malgré la terreur que lui inspirait une telle perspective. Pourquoi fallait-il que ce qu’on attendait si désespérément de lui ne lui donnait qu’une seule envie, celle de disparaître, de se diluer complètement ? 

Et Greyson ? Qu’attendait-on de lui ? Portait-il ce même poids sur ses épaules ?

Nas le fixait nerveusement, intensément, au travers des planètes de fumée qui tournaient lentement sur elles-mêmes, immuables, inébranlables. Those fucking blue eyes… « Et quelque chose me dit que tu n’es pas venu me faire la conversation sur la position de Mars dans notre système solaire.  » L’affirmation n’attendait pas de parade. Nas haussa les épaules, faussement dégagé, en réalité prêt à bondir. « Donc je te repose la question : qu’est-ce que tu fais là ? » I won't run this time.

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Que ferait-il si Nas lui demandait de partir, de le laisser en paix, de ne plus jamais l’approcher ? Jusqu’à présent, le médecin n’avait pu cacher son trouble, sa réserve, mais il n’avait pas rejeté complètement cet inconnu qui lui tournait autour, ombre tapie dans un coin de son passé, à défaut de sa mémoire. Il avait toujours fui, d’une manière ou d’une autre, s’éclipsant après ce qui avait semblé à Greyson comme un sursaut d’effroi ou de douleur. Même ce soir au bord du lac où leurs routes avaient dû se croiser mais dont Greyson ne gardait aucun souvenir, ceux-ci ayant été absorbés par la trop grande quantité d’alcool qui lui parcourait les veines — seul le jeu de clés de Nas dans sa main lui avait appris que son ancien amant était passé par là et il avait eu la sensation, en serrant les doigts, de deviner les contours du gouffre qui béait en lui.
Was it a good thing or a bad one ?
La chute allait-elle cesser ? Et dans ce cas, son errance, son attente prendraient-elles fins ? Ou au contraire, cela signifiait-il qu’il allait devoir accepter son sort, sa sentence ? Enfin comprendre qu’il avait définitivement perdu la partie et qu’il valait mieux qu’il s’en aille et cesse d’espérer ? Mais comment pouvait-il lâcher ce fil ténu qui le liait à l’homme qui lui faisait face ?
You’ll have to tell me to leave, songea Greyson en dévisageant Nas, et en réponse, son coeur se serra, incapable de se révolter face à la défaite envisagée. Coward. Comme un écho, le mot résonna en lui. Sa haute taille, ses larges épaules, son air de n’en avoir rien à foutre, sa volonté farouche de repousser toute tentative d’affection, il n’y avait aucune bravoure derrière ces dérobades, juste une lâcheté à laquelle il avait été forcé d’être confronté lorsque Nas s’était échappé, évaporé de son quotidien. What happened last time ? Why did you give me my keys back ? Voulait-il vraiment le savoir ou désirait-il seulement se vautrer dans les ténèbres du doute ?
La réaction de Nas n’échappa pas à l’intrus qui effleura les poings serrés d’un regard avant de revenir au visage, évaluant son expression, guettant le danger qui avait tendance à se tapir dans la couleur changeante de ses iris. Les colères de Nas ne l’effrayaient pas si elles se bornaient à sa voix cassante et à ses traits crispés, mais lorsqu’elles incendiaient ses yeux, trahissaient sa nature de Fae maudite, une pointe s’enfonçait entre les côtes de Greyson — douleur exquise et excitante. Il n’imaginait pas le monstre dissimulé, il ne voyait que cette complexité qui l’avait happé dès le premier regard, qui l’avait attiré vers ce garçon rencontré au détour d’une rue de Dupree, sans savoir qu’il ne quitterait plus jamais ce bout de trottoir. Jamais vraiment, en tout cas — n’était-il pas revenu cent fois, n’avait-il pas fait demi-tour à chaque fois ?
— Cut your bullshit.
Cette approche était-elle celle de trop ? Avait-il merdé lors de leur dernière rencontre ? Nas lui avait-il déjà demandé de le laisser tranquille, sans se douter que ses mots resteraient lettre morte parce que le destinataire était trop imbibé pour s’en imprégner ?
Greyson ne répliqua pas, se borna à un pincement de lèvres, un léger froncement de sourcils. Il attendit la suite, parce qu’il était évident qu’il était entré en territoire hostile et qu’il ne savait pas comment se comporter avec le nouveau Nas, cet étranger aux traits familiers, ce portrait craché et délavé.
— Qu’est-ce que tu fais là ?
Un bourdonnement envahit la tête de Greyson mais son regard ne dévia pas, rivé à Nas. Sous sa peau, il perçut un frémissement sans parvenir à identifier son origine. Peur indicible ? Frustration impatiente ? Danger imminent ? Il avait l’impression d’être poussé vers un précipice, la pointe d’une lame lui chatouillant les omoplates, sans savoir si ce précipice était la vie sans Nas qu’il redoutait tant ou quelque autre sombre gouffre auquel il ne s’attendait pas.
Mais, au fond, ne connaissait-il pas déjà la réponse ? N’avait-il pas toujours dansé autour de la crevasse, comme si le fait même qu’elle existe n’était pas une preuve qu’il était déjà trop tard ? Il s’était retranché d’un côté, n’avait pas voulu voir les bords qui s’effritaient, l’espace qui se réduisait, qui le poussait invariablement vers le danger. Il avait obstinément refusé de choisir : sauter ou dégringoler. Sauter par-dessus l’abysse, rejoindre l’autre côté — tomber amoureux, laisser à ce garçon l’opportunité de lui piétiner le coeur et l’âme.  Ou dégringoler le long des flancs escarpés, une chute sans fin, cerné par l’obscurité — quitter Dupree, retourner à la vie errante, aux souffrances inhérentes et abandonner sa seule source de chaleur.
— Tu ne me feras pas croire que tu t’intéresses à notre belle culture féérique.
Greyson lui opposa toujours le même silence, le même regard insondable, le muscle cardiaque pris dans un étau, les poumons comprimés, la gorge nouée. Que n’aurait-il pas donné pour rejoindre Mars, s’y exiler pour ne plus avoir à subir les assauts et contrecoups de la colère acide de Nas.
— Et quelque chose me dit que tu n’es pas venu me faire la conversation sur la position de Mars dans notre système solaire. Donc je te repose la question : qu’est-ce que tu fais là ?
Le barman baissa le regard, fixa le sol comme s’il s’attendait à le voir s’ouvrir en deux entre eux, aussi fracturé que leurs coeurs, dont les éclats s’enfonçaient douloureusement dans sa chair. Lorsqu’il releva les yeux, il sut que le temps était venu — il fallait sauter ou dégringoler, et il ne savait pas ce qui le tétanisait davantage.
Greyson déglutit, se laissa distraire quelques secondes par les planètes qui poursuivaient leur imperturbable ronde autour d’eux, signe que le monde continuerait, quoi qu’il arrive, quoi qu’il décide, quoi qu’il fasse. Nas vivrait, il survivrait, n’était-ce pas l’essentiel ? Qu’importe s’il se prenait un mur et devait rouler sans but pour le reste de son existence — comme si l’alternative ne lui effleurait pas l’esprit, qu’il puisse sauter sans dommage et trouver un lieu sûr.
Pas avec ce Nas-là. Pas après ce qu’il avait infligé à l’autre Nas.
He didn’t deserve Nas. Any of them.
— Tu as raison, je n’en ai jamais rien eu à foutre de la culture féérique, finit-il par lâcher, le regard aimanté par les anneaux de Saturne. Avant de débarquer à Dupree, je ne savais même pas que j’en étais une. C’est toi qui m’as tout révélé.
Greyson se tut, reporta son attention sur Nas et déclara, sans réfléchir :
— C’était une sorte d’instinct de survie, tu vois ?
Avant que les mots s’échappent, il n’avait jamais songé à son attitude comme un survival mode, persuadé de ne pas avoir besoin de ce que Nas lui offrait.
— Je ne pouvais pas te laisser l’espace que tu espérais. Je ne voulais pas être comme toi, dépendant d’une relation, attendre après toi, m’accrocher à toi.
Ses lèvres s’écornèrent en un sourire désabusé, il secoua la tête.
— J’étais persuadé que je pourrais me barrer du jour au lendemain si je voulais, retourner à ma vie d’avant, t’oublier au premier tournant de Lost Road, faire comme si Dupree n’avait jamais existé. Et pourtant, je suis toujours là.
Il écarta légèrement les bras puis les laissa retomber contre ses flancs, l’absurdité de cette fatalité ne lui étant apparue que lorsque Nas avait sombré dans le coma et s’était réveillé frappé d’amnésie.
— Je suis toujours là. J’ai voulu partir mille fois depuis que tu m’as annoncé que tu te mariais et je n’y arrive pas. Parce que la vie sans toi…
Sa voix s’éteignit. Comment était-il supposé parvenir à rattraper dix-huit années de silences butés, d’affection déniée, de rejets répétés, de douleurs qu’il avait lui-même infligées ?
— Si tu veux vraiment te débarrasser de moi, il va falloir te servir de ta disposition. Parce que je ne partirai pas, parce que je ne pourrai pas m’empêcher de te chercher partout, de me pointer à ces foutus bals juste pour te voir et t’approcher si on se croise.
Ce soir, il ne pouvait pas accuser l’alcool pour ces débordements. Il ne savait pas si la lente valse des planètes autour d’eux y était pour quelque chose, si leur rencontre dans cette pièce était un signe ou juste le hasard. Il ne savait pas davantage s’il allait récolter une volée de flèches narquoises en retour mais il avait conscience de mériter les mots râpeux de Nas, son impatience outrée, son désir de le chasser. Qu’étaient ces quelques mois de solitude comparés aux années imposées à Nas ?
— La première fois qu’on s’est parlé, dans ta classe de matheux, tu m’as demandé d’où je venais et je t’ai répondu que je venais de Mars. Quelques jours avant, je t’avais donné un aperçu du connard que j’étais et tu m’as quand même laissé une chance.
Inconsciemment, Greyson s’était rapproché, d’un pas, puis d’un autre, évitant toujours les astres féériques, le regard rivé à Nas, le coeur au bord de l’implosion.
— Peut-être qu’il y a une raison à ton amnésie, peut-être que tu n’es plus mon Nas. Si c’était une volonté de ta part de m’effacer de ta mémoire, alors je te laisserai vivre ta nouvelle vie. Je promets que je quitterai Dupree et ne reviendrai pas. Mais si c’était un accident, tu n’as pas envie d’essayer de te souvenir ?
Sans doute y avait-il d’autres sentiers à proposer à Nas, mais Greyson ne voulait pas s’aventurer dans un labyrinthe de possibilités dont la plupart seraient des voies sans issue.
— Je ne te demande pas de me répondre ce soir, je t’ai suffisamment fait attendre, mais peux-tu au moins y réfléchir ?
Il se contenterait d’un maybe, même si c’était juste un moyen pour Nas de lui échapper. Il ne pouvait pas demander davantage, de toute manière.
He didn’t deserve @Naseer Shah. He never did.
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Sans même y réfléchir, Nas montrait les crocs. Quelque chose chez Greyson Wood activait un instinct de survie, une impossibilité de réfléchir avec lucidité ; s’il ne se défendait pas, alors il tomberait dans les piège de ces yeux de glace. Et s’il tombait… S’il s’abîmait dans l’abysse, alors il n’était pas certain de pouvoir en gravir les parois pour pouvoir remonter à la surface, connue, familière.
Il n’était pas certain de le vouloir.
Tout comme il ne voulait pas être là, à parader dans l’espoir d’attirer l’oeil d’une fée qui verrait au-delà de ses fêlures et de ses échecs, quelqu’un qui ne lui en voudrait pas d’être aussi désarticulé et perdu, quelqu’un de peut-être aussi cabossé et intouchable. Il voulait s’enfuir du château, disparaître loin d’ici. Mais qu’importe la direction qu’il prenait, tous les chemins semblaient le mener à Greyson Wood, qu’il passe à travers Sherdale Forest ou Lost Road ou qu’il tente de semer les murmures de Cabeswater qui caressaient sa nuque d’un souffle glacé malgré l’air printanier. Greyson releva les yeux et Nas frissonna, sans qu’il ne sache si c’était la faute à cette sensation boréale ou à la glace scintillante de ce regard. Sa peau avait peut-être froid, mais son coeur, lui, lui donnait l’impression d’être en verre brûlant, liquide, soumis à la braise et au feu. Greyson pouvait-il le voir briller sous le pli sombre de sa veste ?
Tu as raison, je n’en ai jamais eu rien à foutre de la culture féerique.
Nas resta impassible. Yes, I could have figured, s’empêcha-t-il de répondre. S’il contrait maintenant, Grey n’irait jamais jusqu’au bout de ce qu’il avait à lui dire, et cette certitude, ancrée dans ses tripes, aurait pu le faire vaciller par sa familiarité.
Greyson Wood n’était qu’un inconnu de surface. Ils étaient des étrangers de papier. Le mur qui existait entre eux n’était qu’un voile, que Nas aurait pu trancher d’un coup de poignard subtil.
Il n’y avait qu’un pas à faire.
Mais Nas resta immobile. Pour le moment, il se tenait droit et raide malgré la fébrilité des battements de son coeur, au-dessus de l’abîme, suspendu aux mots de Greyson, à ses lèvres aussi.
C’était une sorte d’instinct de survie, tu vois ?
Non, il ne voyait pas et la brèche dans le regard de Grey ne lui donnait pas envie d’ouvrir les yeux. Il y avait quelque chose dans la voix de Greyson - quelque chose de différent, comme si cette fois-ci, il avait décidé de ne rien retenir. Nas déglutit, prêt à bondir, à s’enfuir - et pourtant, il avait l’impression que le sol s’ouvrirait sous lui à la seconde où Grey ouvrirait de nouveau la bouche.
Je ne pouvais pas te laisser l’espace que tu espérais. Je ne voulais pas être comme toi, dépendant d’une relation, attendre après toi, m’accrocher à toi.
Greyson aurait pu lui mettre un uppercut et l’envoyer valser de l’autre côté de la pièce qu’il se serait senti moins sonné. Sous le choc, malgré tout, il articula : « Que j’espérais ? »
L’espace qu’il espérait. La relation dont il dépendait.

Attendre Grey. S’accrocher à lui. 

Encore et encore et encore, odeur d’écorce et de cigarette, la caresse des cheveux dans son cou, et puis le ciel qui se couvrait dès qu’il décidait de ne plus espérer, de ne plus dépendre. De ne plus attendre, de ne plus s’accrocher. Pour revenir, à chaque fois, toujours plus fort, toujours plus profondément.
We were together.
Sans pouvoir se contrôler, Nas se détourna, joignant ses mains à l’arrière de son crâne dans un geste d’incrédulité. It can’t be true, mais ces trois expliquaient tant : son mariage voué à l’échec, l’impression de tâtonner dans le brouillard dans une seule et unique direction et cette attraction inexorable, dans sa peau, entre sa cage thoracique, dans ses mains qui brûlaient de s’approcher, de toucher Greyson Wood, et tant pis pour les conséquences, tant pis pour les règles féeriques et tout le reste. Greyson parlait toujours ; il entendait ses mots, comprenait leur sens, mais ils étaient submergés par la vague de fond, inévitable, inéluctable. Il était raz-de-marée fait homme : toutes les eaux se retiraient des rives pour révéler les carcasses blanchies et les récifs escarpés de ses souvenirs, asphyxiés par le manque d’oxygène. Et quand la lame de fond remonterait, inévitable, furieuse, que resterait-il de lui ?
We were together.
D’eux ?
Together.
Y avait-il seulement un eux ? Nas se retourna vers Grey qui continuait de reconstruire leur château de cartes, chaque aveu comme une brique qu’il se prenait dans le ventre. Me barrer du jour au lendemain. T’oublier au premier tournant. Faire comme si Dupree n’avait jamais existé. Et plus Greyson expliquait, plus le brouillard se dissipait. Des formes, des statues apparaissaient, des scènes saisies comme par l’éruption d’un volcan, à jamais figées par les cendres : un laundromat, la cabine dans les bois, une salle de classe vide, les rayons de l’épicerie de ses parents, les gradins d’Evergreen High. Leurs contours grotesques formaient pourtant quelque chose, l’inverse d’une histoire, ce qui se lisait entre les lignes, les marges, les notes en bas de page. Parce que la vie sans toi… Un rire incrédule, suintant de dépit, lui secoua les épaules. La vie sans lui ? Grey se sentait-il seul maintenant qu’il n’était visiblement plus là pour réchauffer ses draps ? Était-ce ce qu’il attendait de lui ? Que Nas revienne maintenant qu’il claquait des doigts ? Nas n’aurait pas su dire ce qui gonflait sa fureur : que Grey puisse s’imaginer qu’il allait se jeter dans ses bras juste parce qu’il battait des cils ou qu’il puisse lui-même considérer l’idée.
Car malgré tout, malgré la colère qui faisait trembler chacun de ses muscles, celle de se rapprocher, de combler la distance entre eux parcourait ses veines et chantait plus fort que la rage.
Il va falloir te servir de ta disposition. Nas se mordit brutalement l’intérieur de la joue. « Ne dis plus jamais ça. Tu n’as pas idée de ce que tu demandes. » siffla-t-il. Sa voix trébuchait sur sa détresse rageuse. Il pouvait jouer avec l’esprit de Grey pour s’assurer qu’il rentrait indemne, mais jamais il ne jouerait avec son aiguille pour s’assurer que le barman ne lui tourne le dos. Et pourtant, ses mots lui enflammaient la peau, éperonnaient sa volonté. Chacune de ses cellules semblait psalmodier le nom de Grey.
Je ne pourrai pas m’empêcher de te chercher partout. Pour te voir. T’approcher.

Ses tempes le brûlaient. Sa bouche s’assécha et au moment Greyson avança, il tenta de reculer, mais son dos heurta l’une des planètes vaporeuses et il s’immobilisa, pris entre deux feux, dans une prison de sa propre construction. Grey évoquait de nouveau un passé que Nas avait l’impression d’apercevoir de très loin, deux silhouettes penchées sur la même feuille, deux épaules s’effleurant, des échanges griffonnés, l’impression de trouver enfin un adversaire à sa taille. « Je n’ai pas changé tant que ça, alors. » répliqua Nas en secouant la tête. Il partageait visiblement la même impossibilité de résister à Greyson Wood avec son lui adolescent. Mais ses sentiments, eux, semblaient neufs comme au premier jour, désir, peur, appréhension, fantasme, vertige. Les siennes, ou celles de ce Nas que Grey revendiquait ? Quelle différence ? Il n’existait qu’un seul et même Nas, celui qui avait poussé la porte de cette alcôve et qui faisait face à Grey ce soir, qu’importe la fracture dont il avait été victime.
Non, pas victime.
I was the judge, the jury and the executioner.
I pulled my own trigger.

Ton Nas. L’emploi du possessif serpenta comme une caresse le long de sa colonne vertébrale. Une main invisible sembla le pousser vers Grey, vers l’abîme, aussi vertigineux l’un que l’autre. Comme l’autre fois, au lac, sans pouvoir s’en empêcher, Nas leva la main vers Greyson et ses doigts effleurèrent une mèche rebelle. Puis son regard glissa vers le creux du cou, là où la peau disparaissait entre le V des pans de chemise et il distingua l’éclat doré, à peine visible, d’une chaîne. Ses doigts suivirent le mouvement. Ils possédaient leur volonté propre ; Nas se soumettait à leur bon vouloir sans pouvoir - vouloir - leur opposer une quelconque résistance.
Sa peau en révolte réclamait, exigeait le contact, comme pour s’assurer de la réalité de ce qui était en train de se passer.
Son index effleura la chaîne, la pulpe pressant dans le métal comme pour marquer la peau de Greyson. Chaînon par chaînon, lentement, douloureusement, Nas en suivit la ligne, qui disparaissait là où naissait certainement l’arrondi d’un tatouage féerique. Pour en être sûr, il aurait fallu que Nas approfondisse l’exercice. Que ses doigts disparaissent dans l’encolure du vêtement. Qu’ils glissent là où il ne pouvait aller sans permission. « T’effacer. » murmura-t-il. Au fond de ses iris vacillait une flamme d’or, ni reflet ni éclat. Elle brûlait de l’intérieur, alimentée par ce qui grondait au fond de lui lorsqu’il consentait à ôter le masque lisse de la fée, du fils et du mari parfaits. Lentement, mais avec une certitude implacable, les pièces du puzzle s’assemblaient. Il se comprenait enfin, il voyait les ramifications de son geste, leur gravité. « Je t’ai effacé, mais je ne t’ai pas oublié. » Nas ne s’attendait pas à ce que Grey comprenne la différence, peut-être ne le voulait-il pas, pour conserver un semblant de dignité. Il avait effacé les traits de Grey, mais non, il n’avait jamais oublié. Il avait conservé les contours, le parfum. L’absence était devenue elle-même une présence. Oublier aurait été ignorer ce trou béant dans sa poitrine qui saignait à la seconde à laquelle il s'était réveillé, ce jour-là, à l’hôpital. Grey avait toujours là, en spectre. « Qu’est-ce que ton Nas ferait, à ton avis, Mars ? » La question flotta entre eux, s’évaporant entre les rouages immuables et silencieux des planètes. Le surnom ne lui avait pas échappé : il était délibéré, calculé. Nas releva enfin les yeux vers Grey. « Je pense qu’il dirait la même chose que moi. » fit-il en s’approchant encore d’un pas. Leurs nez s’effleurèrent et Nas sentit son coeur exploser dans sa poitrine. « Que si tu veux que je me souvienne, tu vas devoir me le prouver. » murmura-t-il dans un souffle. 

Avant de plonger vers Grey pour l’embrasser - fougueusement, désespérément, comme il rêvait de le faire depuis qu’il avait ouvert les yeux sur lui.

Une chance de plus ou de moins, quelle importance quand c’était Greyson Wood ?

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en pr chaotique et désordonnée jusque fin décembre, thanks for understanding. <3
Greyson Wood
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two beer or not two beer

   
Il avait l’impression que son coeur sonnait creux, un écho caverneux éperdu dont les ondes se heurtaient à ses côtes douloureuses. Sa douleur s’était lentement muée en un magma de sentiments qui prenaient toujours plus de place, oppressants, asphyxiants, et il se demandait, là, alors qu’il fixait Nas intensément, si c’était ce mal qui avait rongé le jeune homme puis le médecin, toutes ces années — ou s’il ne mesurait même pas le centième de ce que son amant avait enduré.
Il avait eu conscience de froisser l’ego de Nas. Il s’était amusé de ses déconvenues, lui avait joué des tours, juste pour être certain que le garçon ne se méprenait pas sur la nature de leur relation. Mais là encore, n’était-il pas celui qui s’était leurré, toutes ces années ? Fuir et nier la réalité, cela altérait-il celle-ci ou seulement son jugement ? Qui avait été le dindon de la farce ? s’interrogeait-il en dévisageant Nas, sa perception de leur passé commun changeant avec la soudaine réalisation de l’intimité qu’ils avaient partagé, quoi que son cerveau buté en dise. Il connaissait cet homme : chaque détail de son visage, de l’arc que prenait sa bouche lorsqu’il était contrarié ou s’apprêtait à le provoquer au trouble qui le gagnait lorsqu’il découvrait le regard de Grey fixé sur lui ; il pouvait deviner l’état d’âme du médecin à la nuance dorée qui miroitait dans ses yeux, du caramel chaud à l’or fondu, de la vulnérabilité qu’il n’arrivait pas à dissimuler à la colère sourde et menaçante, du regard profondément blessé à la lueur mutine, joueuse. What about you ? songea le barman, toujours hypnotisé, what did you see in me ? why the fuck did you stay, all these years ? Ne s’était-il pas posé cette question un million de fois ?
D’habitude, formuler cette pensée le ramenait au présent : il savait que Nas et lui étaient voués à l’échec, qu’ils étaient trop différents pour être autre chose que des garçons qui se faisaient du bien, chacun retournant ensuite à la vie qui lui était destinée. Persuadé d’avoir raison, Greyson repoussait les tentatives de Nas, les réduisait à néant, les trouvant ridicules, insensées. Ce soir, la question lui brûlait le coeur : pourquoi Nas avait-il poursuivi une chimère, pourquoi s’était-il acharné ? Qu’avait-il entrevu de valable chez le vaurien errant qu’il était ? Ou éprouvait-il un plaisir coupable à souffrir pour une cause impossible ?
Nas s’était détourné alors que Grey parlait encore et pendant une fraction de seconde, la Fae de l’Aurore s’était demandé s’il ne fallait pas y voir un signe — que Nas n’était pas prêt à l’entendre, ou bien que lui-même n’avait plus le droit d’accabler le médecin, de l’ensevelir sous ses travers, ses traumatismes dont il n’avait jamais voulu parler, malgré les invitations, les encouragements de son amant. Sauf qu’il avait ouvert la bouche, entrouvert une porte qu’il avait jusqu’alors tenue résolument fermée  et il ne parvenait plus à la refermer. Que Nas soit prêt ou non, il serait forcé d’écouter les mots qu’il aurait voulu entendre bien plus tôt.
Même son rire cassé ne parvint pas à faire taire Grey, alors que c’était exactement le genre de réaction qu’il redoutait. Était-ce parce qu’il savait que ce soir marquerait la fin — peu importe laquelle, celle de son errance, celle de leurs souvenirs communs — et qu’il devait aller au bout ? Il ne pouvait pas continuer à flotter dans ce No Man’s Land où Nas le considérait comme un étranger inquiétant, à espérer que la mémoire revienne subitement à l’amnésique. Il n’avait pas la patience de Nas, il ne pouvait pas attendre dix-huit ans que le médecin revienne à lui — à moins qu’une lueur d’espoir brille, un éclat mordoré, même fugace, qui traverserait les yeux sombres de  @Naseer Shah.
— Ne dis plus jamais ça. Tu n’as pas idée de ce que tu demandes.
Malgré le son crissant des paroles de Nas, ce fut une joie fébrile qui irradia en Grey.
Pour la première fois depuis ces mois interminables, il eut l’impression d’entendre Nas, le sien, et non l’être désincarné qui était sorti du coma après l’incident du bal des Faes, et il aurait accepté que Nas le charcute de ses mots acérés si cela voulait dire qu’il le retrouvait — avec ses blessures, ses insécurités et ses reproches.
Tu n’as pas idée de ce que tu demandes.
What if I do ? souffla le coeur de Grey. Et s’il savait, justement, ce qu’il demandait, parce qu’il savait que c’était la seule issue qu’il leur restait si Nas voulait l’évincer pour toujours de sa vie ? Send me away. Erase me from your life. It’s the only way. At least I wouldn’t be able to come back. I would have to move on. Et s’il avait conscience qu’il était injuste qu’il impose à Nas d’être l’auteur de cette séparation finale, il savait aussi que c’était vraiment le seul moyen qu’ils avaient de se quitter pour de bon.
It’s either this or…
Un frisson lui parcourut l’échine à la simple évocation de l’idée alternative et il la chassa, emporté, sauvé par ces aveux qu’il n’avait jamais voulu formuler à voix haute et qu’il déballait désormais comme si sa vie en dépendait — ce qui était le cas, non ?
— Je n’ai pas changé tant que ça, alors.
La boutade fit frémir les lèvres de Greyson, sans qu’il parvienne pour autant à sourire vraiment. C’était comme si l’homme qui lui faisait face retrouvait la netteté de ses contours, la vivacité de ses couleurs, comme s’il avait été une silhouette diffuse, présente et absente à la fois, inconsistante, à l’opacité changeante selon la façon dont il agissait, se rapprochant et s’éloignant de celui qu’il était à l’origine. Il esquissa un pas vers Grey et le coeur de ce dernier s’arrêta, le temps d’un ou deux battement, comme si le temps s’était suspendu, avant de repartir de plus belle quand la main de Nas approcha de son visage. Le parfum familier du médecin s’invita jusqu’à Grey et la Fae de l’Aurore comprit à quoi il l’associait, invariablement, immanquablement : celle d’un foyer, celle qui avait fini par cesser de hanter ses draps. Cela avait été comme s’il l’avait perdu une nouvelle fois, ne restaient alors que de vagues preuves du passage de Nas chez lui, un objet oublié, un vêtement abandonné, rien qui prouve réellement que celui qui s’était glissé dans sa vie y avait pris la place qu’il espérait — just like you intended, right ?
Il aurait voulu se pencher légèrement, poser les mains sur les hanches de Nas, effleurer son cou avec ses lèvres, goûter sa peau, rapprocher son corps du sien, mais il ferma simplement les yeux, comme pour s’imprégner au mieux des sensations, de l’odeur, de la chaleur qui se dégageait de son voisin. Un autre frisson d’anticipation lui glissa le long du cou, des bras, en ondes vives, lorsqu’il devina le contact du doigt de Nas contre son sternum et donc l’objet de cette inspection.
— T’effacer.
À ces mots, Greyson rouvrit les yeux, le regard teinté d’incertitude et d’une peur indicible, redoutant la suite, incapable de dire si la flamme qui dansait dans celui de Nas était censée le réchauffer ou le brûler — ou même si elle ne lui était aucunement destinée, si elle vivait uniquement pour celui qui avait tant souffert, lueur au bout du tunnel qui lui montrait la voie à suivre.
— Je t’ai effacé, mais je ne t’ai pas oublié.
Le barman ne chercha même pas à cacher sa perplexité, mais son silence serait sans doute éloquent. Il fronça légèrement les sourcils et attendit la suite, parce que c’était au tour de Nas d’énoncer les règles du jeu, de dessiner les limites du terrain sur lequel Greyson Wood pouvait s’avancer.
— Qu’est-ce que ton Nas ferait, à ton avis, Mars ?
Grey entrouvrit les lèvres, comme pour répondre, mais le pas supplémentaire que fit Nas pour combler l’espace entre eux lui coupa le souffle.
— Je pense qu’il dirait la même chose que moi. Que si tu veux que je me souvienne, tu vas devoir me le prouver.
L’instant d’après, les lèvres de la Fae du Crépuscule étaient sur les siennes, chaudes, douces, impérieuses, et Grey les accueillit sans réfléchir, lui qui avait passé sa jeunesse à éviter les baisers initiés par Nas, préférant faire le premier pas, choisir le moment, le lieu. Il détournait rapidement le visage lorsque son amant se sentait pousser des ailes, le repoussait plus ou moins vivement selon son humeur, atténuait la brûlure de l’humiliation en feignant de ne pas remarquer la déception. Ce soir, il se contenta d’un soupir soulagé, tandis que ses mains se plaquaient sur les joues de Nas — pour l’empêcher de s’écarter, cette fois — et que sa langue partait en reconnaissance, cherchant celle de son amant.
Il oublia où ils étaient, les mois qui venaient de s’écouler, s’immergea tout entier dans la familiarité de ce retour aux sources. Tout à coup, il eut dix-sept à nouveau, embrassant pour la première fois l’amoureux des étoiles, envoûté par la fougue de ce dernier, contaminé par sa joyeuse excitation. Il eut dix-huit ans, essuyant la tempête fiévreuse de la jalousie de Nas après une soirée chez un gosse de riche. Il eut vingt-deux ans, dévorant l’étudiant revenu à Dupree pour passer le week-end avec lui. Il eut vingt-six ans, risquant l’exposition parce qu’il n’en pouvait plus d’assister à la danse des soupirantes autour du gendre idéal. Il traversa l’espace et le temps sans s’avoir s’il s’écoula une minute ou dix. Sa vie défila comme un film accéléré mais la bouche de Nas le ramena au présent et il l’enlaça, un bras autour des hanches, l’autre de la nuque, l’emprisonnant dans une étreinte solide. L’ensemble des invités du bal auraient pu se faufiler dans la salle aux planètes sans que Greyson Wood y prête la moindre attention, tant il s’accrochait à Nas, et il fallut que Jupiter les traverse, tel un spectre glacé, pour que Grey s’écarte — mais seulement légèrement, seulement le visage, les bras toujours verrouillés autour du corps de Nas.
— J’imagine que ce n’est pas comme dans les contes de fées ? Il ne suffit pas d’un baiser du Prince Charmant pour lever la malédiction ?
Mais il n’avait rien du Prince Charmant et tout de la malédiction elle-même. Il ne laissa pas échapper ces mots-là mais son sourire en donna pourtant l’impression. Un rire-soupir se faufila entre ses lèvres et il posa le front contre celui de Nas, le souffle court, le coeur battant comme s’il avait doublé de volume, occupant tout l’espace disponible sous ses côtes.
— Maintenant je ne sais plus si j’ai envie ou si j’ai peur que tu te souviennes…
… et que tu souhaites à nouveau m’effacer, encore et encore, parce que les souvenirs sont trop lourds à porter.
Il desserra légèrement l’étreinte de son bras autour de la nuque de Nas pour glisser les doigts autour de celle-ci, entre caresse et massage.
— Mais tu m’as tellement manqué… tu me manques tellement.
Instinctivement, il se corrigea, conscient que la partie n’était pas gagnée, qu’il restait tant à perdre ou tant de chemin à parcourir. Que ce n’était pas ces quelques aveux qui allaient réparer, soigner, effacer les années de souffrance qu’il avait infligées à la Fae du Crépuscule.
La différence, toutefois, c’était qu’il avait désormais goûté — amèrement — à la vie sans Nas, il avait compris que ce n’était pas celle qu’il voulait. Si Nas lui donnait une dernière chance, il devrait affronter les mécanismes qu’il avait inconsciemment mis en place au fil des décennies, consolidées durant son adolescence et sa vie d’adulte.
Souhaitait-il toutefois songer à cela ? Not right now, no.
One step at a time, Wood.
One step at a time.

— Dis-moi ce que je dois faire…, souffla-t-il, presque implorant, ignorant totalement comment lui prouver quoi que ce soit, lui qui avait été incapable de comprendre à quel point il tenait à Nas jusqu’à ce qu’il le perde vraiment. Ce que je peux faire… pour t’aider… à revenir…
Il entrecoupa sa demande de baisers, légers comme des plumes, sur les lèvres de Nas, sur ses joues, l’angle de sa mâchoire, sous son oreille, sa paume pressée contre ses reins, ses doigts enfoncés dans ses cheveux.
Quelques années plus tôt, ces gestes auraient été les signes d’un désir qui ne demandait qu’à être assouvi, rien de plus.
Ce soir, ils ressemblaient davantage à des tâtonnements dans l’obscurité.

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and from the moment I looked in those dark brown eyes I can't remember life before you. Why would I want to go?
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